jeudi 22 octobre 2020

ATTENTION ARNAQUE !

Piqué chez les SR 
“DROIT" DE RETRAIT: ATTENTION ARNAQUE !

Le B.A-BA pour tout militant ou organisation syndicale est d'informer honnêtement les collègues sur les moyens d'action dont il dispose réellement, et leurs conséquences.

A ce jour, la plupart des organisations syndicales affirment que le "droit de retrait" serait une option utilisable par les collègues opposés à la réouverture des établissements scolaires le 11 mai. Certains allant jusqu'à prétendre qu'il pourrait être invoqué en masse par les enseignants - alors même qu'il s'agit d'un "droit" très théorique, rarement reconnu déjà en temps normal, le plus souvent refusé lorsqu'il est employé collectivement, car il est individuel et circonstancié.

Dès le mois de mars, Dussopt et Blanquer ont pris les devants et veillé à ce que toute invocation du droit de retrait soit examinée avec la plus grande attention par la hiérarchie, et débouche si possible sur des sanctions.

Sur commande du gouvernement, une note de la Direction Générale de l'Administration et de la Fonction Publique (DGAFP) intitulée "Covid 19: droit de retrait dans la Fonction Publique" était produite en date du 31 mars.

Cette note stipule notamment : « Pour les agents en contact régulier et étroit avec le public ou avec une communauté, l'exercice du droit de retrait se fondant sur l'exposition au virus ne peut donc trouver à s'exercer que de manière tout-à-fait exceptionnelle, les conditions de danger grave et imminent n'étant en principe pas réunies. »

« Par contre, en cas d'usage abusif du droit de retrait il est possible de procéder à une retenue sur traitement pour service non fait. Une sanction disciplinaire peut également être prononcée pour un comportement contraire à l'obligation d'obéissance ou pour absence injustifiée. »

Dans l'éducation nationale, les recteurs, DASEN, inspecteurs sont prêts.

Le "droit" de retrait est un droit individuel qui expose chaque fonctionnaire qui l'invoque. Il repose sur des éléments précis, locaux, circonstanciés.

On peut jouer aux dés avec la carrière et l'emploi des collègues. Prétendre avoir le droit de son côté. Affirmer qu'un recours en TA est possible. Une procédure individuelle prend 18 mois en théorie, souvent davantage en réalité. Les collègues qui invoqueront leur "droit" de retrait auront entretemps subi toutes les avanies commanditées par le gouvernement.

Chacun est à même de le mesurer. 

Comment expliquer, alors, que le cadre donné par la DGAFP ne soit pas porté à la connaissance des enseignants?

• affirmer "nous soutenons les collègues invoquant le droit de retrait" permet à un syndicat de se dédouaner de ses responsabilités de défense collective, et de poursuivre tranquillement le "dialogue" avec le gouvernement. Traduit de la langue de bois, cela signifie "démerde-toi" accompagné d'une tape sur l'épaule.

• dire à un collègue "tu peux invoquer ton droit de retrait" c'est l'isoler au pied du mur et avoir l'assurance que, dans de telles conditions, l'immense majorité des collègues préférera se rendre sur son lieu de travail en traînant les pieds, tout en se donnant l'air de s'opposer.

• insister sur le "droit de retrait" plutôt que sur le droit de grève, c'est renvoyer implicitement chaque collègue, chaque établissement, chaque section syndicale à sa situation particulière, et ainsi noyer la situation générale du corps enseignant. C'est favoriser la dispersion.

• poser au "champion" du droit de retrait, c'est un coup de bluff avantageux dans le poker menteur intersyndical: on apparaît ainsi, à peu de frais, plus "radical" et combatif que les autres, sans à aucun moment engager un réel combat. Si, au pied du mur, rien ne se passe, ce sera de la faute des autres.

C'est une tartufferie à grande échelle. Parmi les collègues abusés, il y a ceux qui aspirent à se battre, et ceux qui cherchent une solution magique et personnelle, si possible gratuite, une issue de secours en concurrence avec le recours aux arrêts-maladie, que le pouvoir veillera aussi à restreindre le plus possible.

Chacun doit mesurer, en son âme et conscience, ce qui importe le plus, de sa santé et de sa vie ou d'1/30è de son salaire: car il n'y a pas d'autre alternative en réalité.

On se demande bien pourquoi, d'ailleurs, face à un danger collectif et massif, chaque collègue devrait décider individuellement de s'exposer à de tels risques, quand il existe des organisations de défense collective des enseignants et un droit collectif, le droit de grève, dont le tarif est bien connu et universel. Un droit qui, lui, protège tous les collègues en bloc au lieu de les isoler.

A l'heure où un nombre toujours plus grand d'organisations syndicales affirment leur rejet catégorique du 11 mai au vu des conditions sanitaires, il faut cesser de raconter des salades aux enseignants.

Le seul levier et la seule protection dont peuvent disposer les nombreux collègues désireux de faire reculer le gouvernement est le droit de grève. La responsabilité des organisations syndicales opposées au 11 mai, c'est de s'unir et, si le gouvernement s'acharne à imposer son plan, de faire usage de cette arme.

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